Contes et légendes d'Océania


Jeux d'enfant en Terce

La rudesse du climat, des conditions de vie, pousse les membres de la communauté tercienne à être durs. La vie ne fait pas de cadeau, il convient donc à tous de s'adapter dès le plus jeune âge.

L'une de nos coutumes qui illustre parfaitement ce fait est de mettre à l'épreuve les nouveaux nés anormaux. Ne jugez point trop hâtivement les us de mon peuple. Que ferions nous d'handicapés, de membres dépendants des autres, qui ne peuvent subvenir à leurs besoins par eux-mêmes, qui ne peuvent aider la communauté en rien et qui profitent de ses ressources ? Moi-même, je n'ose juger cette coutume barbare qui est celle de mon peuple. Je la déteste tout simplement, mais n'est-elle pas nécessaire ? N'est-il pas dans l'ordre des choses de laisser le choix à la nature quant à la vie qu'elle a créée ?

Nu, l'enfant mal formé est abandonné à sa venue au monde. Le chef de la communauté assiste à l'accouchement et décide avec deux ancêtres rebouteux du destin de l'enfant. Sur la colline aux mille blizzards, il est confié à la nature et doit survivre un jour et une nuit. Rares sont les petits mal nés qui survivent à cette coutume, entre les prédateurs, l'absence de nourriture, le froid et les vers de chaleurs… S'il survit malgré son handicap, c'est que sa volonté, sa chance et la nature, sa venue à la vie doit être célébrée par tous, car il sera un grand tercien.

Ainsi, les jeunes sont élevés durement pour affronter le milieu hostile qui entoure mon peuple. Et c'est dans ce contexte que les adultes les laissent parfois jouer, même si leur santé est mise en péril, lors de ces parties. L'un des jeux les plus dangereux auquel je brillais autrefois, est celui des vers de chaleur. Comme chacun sait, les vers de chaleurs sont des lombrics dont le volume est fonction de l'âge et ne dépasse que rarement la taille d'un avant bras d'homme adulte. Ils sont carnivores, évoluent dans la glace et sont attirés, comme leur nom l'indique, par la chaleur. Ils sont d'une voracité incroyable pour leur taille et sont souvent en bans. Leur dangerosité varie selon leur nombre. Ils creusent la glace sous leur proie et bien souvent celle-ci, succombe sous son propre poids. La couche de glace se troue et fait tomber sa victime dans la cavité affaissée. Ils la dévorent ensuite avec avidité…

À propos, ces vers posèrent quelques difficultés à ériger notre cité souterraine de Terce, mais ce n'est pas le propos, ici. Revenons à notre jeu d'enfants inconscients du danger. Les variantes et les règles étaient nombreuses, mais l'une de celle où j'avais une habileté particulière était « la capture ». Il s'agissait de trouver un ban de vers et d'arriver à s'équilibrer dans une zone restreinte, délimitée par un trait, en attirant les vers, vers la surface pour se saisir à mains nues, du premier qui montre sa tête.

Inutile de dire que bon nombre d'enfants terciens ont perdu un doigt ou un orteil dans ce jeu stupide… Heureux, j'étais pourtant fier détenteur du record minimum de temps à la capture et de la capture sur le ban le plus gros… Une légende circulait parmi les jeunes de ma génération au sujet du géant vers des glaces, mais peut être n'était-ce là qu'un mythe, une invention de l'un de nous, car les détenteurs du savoir nous disaient ne rien connaître de semblable…

D'autres jeux violents forgent notre caractère : comme la lutte ou le malmenage des phoques et des morses, l'escalade de crêtes instables et enneigées, de falaises, la visite de grottes et de gouffres, s'immerger parmi les orques, servir d'appât pour harponner l'un d'eux… Malgré ma témérité, je n'ai jamais tenté de me baigner parmi les épaulards, ayant vu dans ma petite enfance un cousin germain se faire couper en deux… Ce jeu nous a été interdit formellement par le chef Yelma, ma mère…

Les petits terciens aiment à se faire peur, relever des défis et braver des dangers stupides… Ils finissent par grandir mais ne cessent jamais d'être courageux, obstinés et téméraires, prêt à se mettre en péril pour sauver un ami. C'est l'acte choisi qui détermine la valeur d'un tercien et non pas ses belles paroles… En tous cas en grandissant, les enfants de Terce finissent par apprendre une chose essentielle : leur vie n'est pas un jeu, mais c'est en choisissant d'agir qu'elle leur appartient…

Coutumes de mon peuple 2, Hern l'explorateur

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