Le Juge


Depuis quatre siècles qu’il sillonne notre monde sa légende, comme toutes les légendes, s’est transformée et mutée. Afin de lever certaines incertitudes et viles exagérations, voici la véritable histoire de celui qui insinue crainte et espoir dans l’âme de ceux qui le croise : inclinez vous où fuyez devant LE JUGE.

Il y a plus de vingt siècles, apparut à la porte du temple d’ANYAABAD, un homme, dont le nom fut perdu dans le brouillard du temps, porteur de ce qui devint l’un des plus puissant et vénéré artefact de notre monde : L’armure de l’Unique. A travers les époques, l’armure apparut à des hommes quand le monde devait affronter un malheur que le commun des mortels ne pouvait surmonter. L’élu, investi des pouvoirs de l’armure, mit ainsi fin à des famines, à des guerres fratricides, des pandémies désastreuses et bien nombres de catastrophes qui auraient éradiquées notre monde tant éprouvé.

Reconnu officieusement comme le lieu de naissance du culte des fondateurs, les quatre ermites qui vivaient dans le temple assimilèrent l'arrivée de cette armure et son porteur comme le signe de la nécessité de prêcher leurs réflexions sur le monde, à travers le monde, pour la sauvegarde du monde. Mais quoique par trois fois les élus de l’armure furent adeptes ou soldats du culte, on remarqua que toutes les classes sociales, toutes les races, toutes les confessions « connurent » leur porteur.

A chacun d’entre eux, revint la gloire d’être désigné, la quête ardue du courage requis, une vie de privilégié s’il survivait à sa destinée mais surtout le désespoir de voir l’armure regagner le temple une fois la raison de sa présence atteinte. Le temple, sans que l’on en sache plus, et là est la raison de nombreuses questions, disparut dans un tremblement de terre qui engloutis l’île sur laquelle il trônait. La disparition du temple, de l’armure et l’impossibilité de pouvoir la contempler, comme jusqu’alors au sein du grand sanctuaire, devenu lieu de pelerinage, augmentèrent la force de conviction qui jaillissait à chacune de ces apparitions, mais aussi la peur puisque annonciatrice de grands malheurs.

La genèse du juge découla, il y a cela quatre siècles, de la dix septième venue de l’armure de l’Unique.

Théophylus Aldran de Sadur était son nom, fils d’un notable de Balport, sa vie se cantonnait en fêtes, rencontres galantes et jeux de riches. Le jour de ses vingt trois ans, au retour d’une soirée d’excès où l’alcool, les drogues et les filles soumises avaient été de mise, il découvrit, posé sur la table du salon de la maison que son père lui avait payé, un très gros sac de cuir ainsi qu’une épée et un bouclier. L’écusson de la corne de brume croisée de celle d’abondance, qui ornait ce dernier, lui fit comprendre malgré l’ivresse de quoi il s’agissait au moment où il posa les yeux dessus : L’armure de l’Unique était revenue et elle le désignait comme porteur. Il se frotta le visage, prit une respiration, rie quelques secondes à gorge déployée, souleva le tout dans un effort, et les jeta par la fenêtre qui dominait la falaise sur la quelle la maison avait été construite face à la mer. Il se détourna et repris la direction de sa couche avant que l’ensemble ne touche la surface de l’eau. A son réveille, quelques heures plus tard, la table était de nouveau ornée et la réaction fut la même, et cela quatre fois de suite dans les jours qui suivirent pour enfin qu’au troisième jours, elle ne réapparaisse plus. Le jeune homme réjouit, invita le soir même ses plus proches amis à une fête qui encore aujourd’hui reviens dans les conversations murmurées des hautes familles. Des trente et un invités seule une survécu : une jeune fille prénommée Salomée dont le père absent avait interdit toutes sorties jusqu’alors. Théophylus fut accusé de torture, de meurtres sanguinaires, et d’exposition macabre. Durant son arrestation et selon la jeune fille, toute la soirée, tout au long de son procès, de son déplacement vers l’échafaud et son exécution par pendaison, il ne répéta qu’une phrase : "votre contact est impur, vous méritez la justice des limbes".

Le déroulement de la dernière journée de Théophylus Aldran de Sadur, fit qu’au lever du jour suivant son nom était synonyme de légende mais le temps la sépara de celle du JUGE. Vers onze heure devait avoir lieu son exécution publique, mais la nuit venue, il était toujours debout et vivant pour le plus grand effroi de la population qui s’était réunie pour la circonstance. Tout d’abord pendu, il resta plus d’une heure les pieds à quarante centimètres du sol , les yeux ouvert, de peur puis d’incompréhension, regardant ceux du premier rang qui avaient résistés à une demi heure d’un spectacle de secousses et de balancements. Finalement détaché, il fut lesté d’un lourd sac de pierre et jeter au bas du quai, mais, deux heures plus tard, à la marée basse, les miliciens qui gardaient la zone virent avec une peur qui les fit hésiter une heure de plus, une main qui, dépassant de l’eau, leur faisait signe. Après trois autres tentatives par le sabre, le pistolet et un écartèlement devenu mythique par quatre chevaux, il retrouva sa cellule sous la consternation du peuple, des familles nobles qui avaient perdu leur descendance et d'un bourreau désabusé et déprimé...

Trois générations passèrent avant que Théophylus ne revoie le ciel. Fou au point de ne plus se rappeler son nom, il avait tout de même au fil des ans découvert ce qui lui arrivait. La quête qu’il devait atteindre par son appel, fut bien évidement un échec. Des informations qui filtrèrent dans les conversations des gardiens et des nouveaux prisonniers, il déduit que la mort des quatre cent habitants d’une ville du nord due à une crise de folie contagieuse, devaient lui etre imputées. Maudit, il avait été maudit par l’armure et cela de deux façons, l’immortalité relative tant qu’il n’avait sauver plus d’âme qu’il n’en avait fait disparaître, mais surtout la main de justice qui fit de lui celui qu’on connaît désormais. Voyant les prisonniers mourir à son seul contact, les gardes firent venir en sa cellule trois paladins inquisiteurs pour en savoir plus. Après deux jours en sa compagnie, l’un deux demanda qu’il le touche pour avoir confirmation d’un doute. Le paladin contrairement aux autres ne périt pas mais connu une révélation qui le fit pleurer de joie et de reconnaissance. Apres qu’il en eut fait rapport à leur congrégation et que leur grand clerc en fut également témoin, Théophylus fut reconnu voyant d’âme et purgateur de péché : sa deuxième malédiction lui donnait le pouvoir, par un contact de la main au front, de voir l’âme de la personne et de rendre justice en la seconde en offrant mort ou bénédiction. Les pressions lors de sa libérations furent balayée par la ferveur du peuple quand une femme très aimée dans sa communauté, accusée du meurtre de ces trois enfants fut, à sa requête, touché par celui qui fut nommé le JUGE par l’ordre des paladins, et déclarée pure du crime dont on l’accusé et remerciée de sa vie pieuse.

De ce jour, et cela depuis plus de trois cent ans, on fait appel au juge pour passer ou faire passer quelqu’un devant son jugement, mais certains continuent à oublier que s’il les juge pour le crime dont ils sont accusés, il juge également la nature entière de leur âme...

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