Encyclopédie d'Océania


L'histoire de l'ile aux squelettes

"Il est venu le jour où tu as du nous abandonner pour rejoindre nos cieux et ceux envers qui tu as toujours accordé une foi imperturbable, une dévotion exemplaire qui résonnera pendant des millénaires. Car le vent n'est pas devenu fixe, les oiseaux continuent leur envol, les bruits du monde ne sont éteints. Ce moment que tous nous redoutions est arrivé, celui où rien de notre monde ne s'est arrêté, excepté ton coeur.

Mais ta sage parole continue de subsister en nous, a travers tes actes immortels, tes récits et tes croisades au nom de nos Seigneurs. Tu as vu la vérité de ton regard, celle que nous pauvre pécheur ne pourrons jamais observer de nos propres yeux...

Je ne vois pas le danger d'une telle expédition, ni ce qu'elle peut avoir de méprisable. Je ne suis pas là. Je ne vois pas la maladie, les hommes qui doutent. Je suis dans mes pensées qui sont pour moi la réalité. J'ignore l'inquiétude de ce qui pourrai m'arriver. Serein, je semble indifférent. Je vis en cet instant mémorable ma présence à tes côtés.
Dans la cohorte principal, les hommes te décrivent comme un solitaire, entouré de brume, pour souligner que tu ne faisais déjà plus vraiment parti de notre monde, comme évadé d'un songe.

Mon visage est battu par la pluie, cette caresse brutale et glacée qui avait le don de nous tenir éveillé, mais nous nous sentions malgré tout blessés profondément par la lourde ambiance de ces tertres. Le vent violent qui entre dans la brume épaisse et malsaine nous empêchait durant de brève seconde de nous asphyxier de cette puanteur putride qui prenait plaisir à contaminer notre air. Mais personne ne reculait, nous te suivions tous vaillement jusque dans les entrailles de la terre, au coeur de ce royaume corrompue, et nous te suivrons tous bientôt dans les cieux pour rejoindre nos places à tes côtés.

L'haleine de la bête suffocante nous imposait une marche forcée, elle était là, elle nous fixait. C'est alors que, saisit d'une rage euphorique, tu nous menas à l'encontre du démon. Nous dépassions alors le temps, la vie et la mort, dans le silence.

Mais où sont nos si tenaces adversaires, et la fureur de ces Dieux impies ? Nous avons du errer sur leur terre pour enfin déchirer le voile d'illusion qui protège cet immonde endroit. Une terre vide de toute vie, où nul chose ne peut y survivre. Désertique, dont le seul voyageur maladroit qui viendrait à se perdre en son sein se révèle être un « deux fois né » dont l'âme fut dévoré par Charon.

Mais bientôt notre regard étourdi s'ouvrira sur ta gloire, nul n'y échappera, tous sauront que tu as su bâtir de ton coeur ce bastion du bien au service de tes semblables, un paradis dont nul ne peut prétendre l'inexistence. Tu as payé de ta liberté, pour une vie de servitude, louez soit ta présence, car elle a délivré nos chairs. Mais alors que tout l'univers connu s'illuminait de ta victoire, j'ai pu de mes propres yeux te voir à l'oeuvre de ta plus grande création. A présent, doucement, au delà des brumes empourprées, le paysage se reconstruit à ma vue. En un éclat lumineux transcendant, aveuglé pendant une presque éternité, tu as fais apparaître devant moi une citadelle qu'aucune muraille n'aurait su défendre, qu'aucun mort n'aurait su profané.

Là, devant mes yeux ébahis, tu avais su ravivé ma foi, d'aucun fidèle n'aurait pu faire preuve de tant de puissance pour bâtir en un battement de coeur ce qui désormais fait vibrer toutes nos âmes de simples mortels.

Mais quelque chose était changé en toi, tu étais désormais vide. Alors, tournoyant hors du temps dans lequel les hommes avancent, tu te dissolve dans les brumes, où nul temps, nul espace n'existe. Je rêve alors de mes rivages natales, de ce délicat visage qui ma bercé, de cette guerre qui nous as unis, de ces Dieux qui t'ont relevés. La fin de cette épopée vertueuse était pourtant atteinte.
Puis ce rayon lumineux vint se poser sur mon visage, une larme s'écoula, de joie pour ce jour saint, de peine pour ta perte. C'est ainsi que tu es reparti avec prestance, animé de ta seule foi immuable, prêcher la sainte parole envers ceux qui n'ont jamais prié, disparaissant à l'horizon lointaint des vastes plaines sans même me jeter un regard. Mais je ne puis me résoudre à te suivre à nouveau, je me dois de t'abandonner. Puisse les Dieux t'épargner le cauchemar de la mort de tous nos frères, comme ils tentent de me pardonner ce sang verser abondement en leur nom et de t'avoir quitter.
Qu'ils nous guident sur le droit chemin, et nous écartent de la tentation. Toi qui jamais n'a abandonné l'humanité, nous buvons à ta coupe aujourd'hui en ton nom."

Ode à la gloire d'Erethor le Magnifique, par frère Turalyon devant le grand consul de Veran, unique survivant de la sainte croisade revenu en sa demeure pour compter les miracles de la création d'Eden (daté le 29 Novembre 10300). Nous déplorons avec peine et émois, le décès de notre grand visionnaire Turalyon, que la mort à douloureusement enlevé trop tôt de sa vie de croyant, durant la nuit du 29 Décembre, succédant la prière. Agé de cinquante années, il s'empoisonna pour tenter de racheter sa lâcheté envers son frère. Puisse-t-il aujourd'hui nous regarder des nuages avec la paix qu'il a enfin trouvé, et que nous cherchons encore.

Extrait du registre : "Prières, Odes et psaumes pour nos fidèles".

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