Encyclopédie d'Océania


La découverte de l'ile des Amazones

Lorsqu’on est un explorateur sans renom, comme moi, on cherche toujours à saisir la gloire quand elle vient. En fait, on tente l’impossible, pour se faire connaître. Et c’est pour ça que beaucoup d’entre nous meurent.

Mais, certains réussissent et cela suffit à alimenter nos espoirs. Je savais au fond de moi que je risquais fort de ne jamais rien découvrir, de mourir dans une pauvre bâtisse miteuse sans personne à mon chevet, mais à l’âge que j’avais, on ne réfléchit pas. On subit l’impulsion de la jeunesse que compose l’envie de gloire et de richesse. Aussi vais-je vous compter cette partie de mon histoire, celle qui vous intéresse, puisque je n’ai rien fait d’autre de ma pauvre vie.

Ainsi, je suis seul comme prévu sur mon lit de mort et je vais rédiger ce texte, ceux qui le trouveront sauront, que mon histoire n’était pas celle d’un quelconque aventurier.

Je n’avais que 20 ans, mais une bonne centaine de pièces d’or dans ma bourse. J’étais jeune et je rêvais de gloire et de richesse. J’avais toujours vécu à Grosflot. Bien sûr, au nom de cette cité, vous comprenez aisément que je n’étais pas un simple explorateur. En effet, qui à Grosflot n’était qu’un aventurier ?

Personne, la ville entière était constituée de pirates plus ou moins hardis. Quelques uns, comme moi à l’époque, se mentaient à eux-mêmes, se disant qu’ils n’étaient ni pirates ni voleurs, seulement explorateur opportuniste ou aventurier kleptomane. En tous les cas, je grandis sans anicroche, dans une pauvre bâtisse. Un père à l’aventure, une mère à la cuisine. En bref, je n’étais pas vraiment à plaindre.

Avec mes quelques pièces, j’organisais une expédition. Bien sûr, je masquais mon désir d’aventure sous une cupidité toute pirate. Aussi je ne mis pas longtemps à recruter un équipage de marins aguerris, tous mût par le même désir de richesse et de gloire. Le capitaine était un homme expérimenté qui avait déjà vogué dans l’océan d’Oredia. Je connaissais la présence d’îles inexplorés, près des terres. En effet, aucune ville importante n’existait dans cette partie d’Oredia, et je m’orientais vers cet endroit, dans le but de découvrir une civilisation inconnue. J’allais en fait, au devant de graves ennuis. Mais je ne pouvais le savoir, aussi j’étais serein. Il ne me restait plus une pièce, mais le navire était prêt et les provisions suffiraient à mon voyage, du moins je l’espérais.

Après être sortis de la baie, nous voguâmes vers le sud-est, en direction des terres d’Oredia. Les pirates étaient de bonne humeur, ils retrouvaient la mer, leur compagne de toujours. Une rencontre inattendue augmenta encore l’état d’euphorie de mes camarades de voyage. Un navire marchant naviguait dans les environs, il était bien téméraire de s’aventurer sur ces eaux, peu loin de Grosflot, la ville de pirates. Un abordage en règle s’ensuivit. Et j’avoue ne pas être resté sur le pont. Nous ne fîmes aucun survivant, mais à cette époque, le remord ne me gagnerait pas si facilement. L’or, les pierres et les marchandises égayèrent mes compagnons et ils s’enhardirent d’autant plus. Moi-même je me trouvais bien téméraire. Aussi nous continuâmes notre route, sur les flots de l’océan. Bientôt j’aperçus une terre au loin. De ce que voyait la vigie, cela ressemblait plutôt à une île qu’au continent d’Oredia lui même. Bientôt deux caravelles convergèrent vers le navire pirate, on ne connaissait pas leurs intentions, mais apparemment nous étions entrés dans un périmètre ne nous appartenant pas. Pourtant, nous étions confiants.

Bien mal nous en prit. Les deux caravelles avaient hissées un drapeau claquant au vent, clairement explicite : elles voulaient nous anéantir. Malgré nous, nous prîmes la fuite, mais le temps du demi-tour, et nous fûmes rattrapés. L’affrontement paraissait inévitable et nous fûmes abordés… Par des femmes ! Oui, c’était bel et bien des femmes en tenues de guerre, armés comme des hommes et aussi hargneuses. Certains des miens rirent, d’autres ouvrèrent des yeux hagards ou étonnés, quant à moi je n’en revenais pas non plus. En tous cas, nous fûmes rapidement submergés sous le nombre et malgré leur féminité, ces combattantes étaient largement supérieures à nous, il fallait l’avouer. Contrairement à ce que nous pensions, aucun de nous ne mourût. Elles nous attachèrent et coulèrent notre navire. Nous pensions être prisonniers de guerre mais en fait, c’était bien pire. Nous accostâmes sur l’île aperçue plus tôt, et à notre grande stupéfaction, nous nous rendirent compte qu’elle n’était peuplée que de femmes, du moins à partir de ce que l’on vit ! Mais comment était-ce possible ? Je n’en savais rien. En tous cas, je fus emmené dans une sorte de temple, séquestré dans cet endroit, on ne me fournissait seulement des vivres et de l’eau. Bien attachés, mes compagnons et moi ne comprenions pas.

Les nôtres furent emmenés petit à petit, le groupe se réduisit à quelques personnes. Je me demandais où elles emmenaient les autres, mais personne ne le savait : ils ne revenaient jamais. Nos geôlières ne nous disait rien, se contentant de nous rabrouer de temps à autres. L’anxiété me gagna, mon tour allait arriver. Bizarrement, elles semblaient me garder pour la fin, et je ne sus jamais pourquoi. Mon tour vint, il ne restait plus personne dans le temple. Et je me sentais oppressé. J’étais sûr que je marchais droit vers la mort, lorsque deux d’entre-elles me guidèrent dans le village, constitué de cabanes en bois. J’entrais dans l’une d’entre-elle, au milieu de 4 amazones, puisqu’elles se nommaient ainsi. Les deux qui m’avaient conduites en faisait partie. L’une d’entre elle prit la parole:

« Ecoute moi attentivement. Ton heure va bientôt sonner, et je pense que tu as le droit de savoir pourquoi. Tes compagnons sont passés ici ou plutôt chez mes sœurs avant toi. Nous, les amazones, sommes un peuple entièrement constitué de femmes. Aucun homme ne vient souiller nos terres. Nous sommes libres et guerroyons aussi, sans l’aide barbare d’hommes idiots. Seulement, comme tu t’en doutes nous ne pouvons prospérer sans descendance. »

Malgré moi, je commençais à comprendre. Bizarrement, je ne fus pas rassuré du tout, cette femme parlait avec ferveur, ses yeux brillaient et elle paraissait se délecter de ses propres paroles. Elle était hargneuse lorsqu’elle citait le genre masculin.

« Nous capturons ainsi de temps à autres, des hommes naviguant sur nos eaux. Ensuite, comme tu t’en doutes, nous vous tuons. Nous ne pouvons nous embarrasser d’être aussi stupide que vous. Telle est la loi des Amazones.

Soit fier, tu contribueras à la descendance de notre peuple. »

Cette idée m’horripilait mais je n’avais pas le choix. Je me laissais faire sans réagir : je n’étais pas en mesure de refuser. Je ne relaterais pas ces faits, mais vous vous doutez de ce qui se passa ensuite. La nuit même, je fus mené en haut d’une falaise. Et je compris comment elles tuaient leur victime. Bizarrement, ce procédé me semblait étrange. En fait, j’eus l’information quelques temps plus tard, par la femme qui me gardait. Elle se délecta de me signaler que j’allais mourir.

« Nous varions les morts de ceux de votre sexe. Aujourd’hui, tu sauteras de la falaise. »

Cette idée me réjouit : peut-être avais-je une chance ? Mon bonheur fut de courte durée. J’aperçus les rochers pointus se dressant au bas du mur. Loin en-bas. Mon cœur chavira, je n’étais pas sujet au vertige, mais savoir que j’allais sauter de là me fichait une peur bleue. Lorsqu’on me poussa dans le vide, je criais pendant toute la descente, qui ne fut pas longue. Je m’étais instinctivement raidis, et bien m’en pris. Mes pieds heurtèrent l’eau violemment. Je cru que je perdais l’usage de mes jambes. Je n’avais pas heurté les rochers, mais j’étais tombé entre, m’enfonçant dans l’eau, j’avais tout de même percuté le fond, mais sans dommage apparent, la mer avait amortie ma chute. Je m’en sortis avec simplement une gorgée d’eau de mer dans le gosier.. Alors que je remontais à la surface, je compris la chance qui m’avait habitée : d’en haut on devait croire à ma mort, j’avais bel et bien chuté au milieu des rochers…

Remonter sur l’île reviendrait à une mort certaine, et je préférais encore risquer de nager et d’atteindre une terre. Je ne sais combien de temps dura mon errance dans l’eau, peut-être 1 jour ou plus.. Mais alors que je sentais des mains me repêcher, je sombrais dans l’inconscience. Cette partie de ma vie, après la chute et avant mon réveil reste très vague. Mon récit est donc imparfait. Je me souviens de la froideur de l’eau, et de la faim. Des crampes dans mes membres. Mais tout cela est confus…

Je me réveillais longtemps après, à bord d’un navire commerçant : j’inventais une histoire quelconque, je savais qu’on ne me croirait pas.

Je vécus ainsi jusqu’à ma mort, en tant que commerçant inconnu et transporteur de marchandise. La gloire et la richesse ne m’intéressaient plus, j’étais comme traumatisé.. Cette expérience m’avait dégoûté de ces idées pirates, et je ne cherchais plus à être connu. Aujourd’hui, sur mon lit de mort, personne n’est à mon chevet. Mais quand quelqu’un recueillera ces mots, j’espère qu’il me croira. Je me sens faible d’être remonté si loin dans mes souvenirs. Je ne suis plus qu’un vieillard sénile. Et j’accepte la mort, comme le dernier cadeau de la vie…

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