Encyclopédie d'Océania


L'abandon d'Elydalandor

"Nyazalar regardait les troupes de l'alliance s'amonceler devant la cité. Les humains, hurlant leur future victoire et les nains, préparant leurs machines et buvant leur bière en chantant leurs chants guturaux. Le roi elfe renifla de dégoût. Comment ces barbares avaient pu réduire à néant l'ensemble des villes de son peuple, pourtant si puissant ? L'âge de son peuple se serait-il éteint, remplacé par les mortels et simples hommes et par ces brutes à barbes de nains ? Nyazalar ne pouvait s'y résoudre, mais la vérité était là : son peuple avait failli. Ils étaient maintenant le dernier bastion, le dernier espoir elfique. Mais quel espoir...

Soupirant, il quitta des yeux le futur champs de bataille et la pièce où il se trouvait, sortant dans le couloir. Autour de lui, des soldats s'agitaient en tous sens, criant des ordres aux oreilles pointues auxquelles ils étaient destinés. Le couronné sortit au dehors. Le temps était radieux, comme si le destin avait prévu que les elfes s'éteignent sous les feux du puissant soleil. Il regarda en l’air avec un puissant mépris.
-Bravo, Charon, tu as eu ta victoire...

Car cela faisait longtemps que les elfes savaient que ce n'était que l'oeuvre du titan. C'est Lilith elle même qui envoya un des ses serviteurs le souffler à de nobles et puissantes oreilles pointues. Car quoi de plus douloureux de savoir qu'en voulant défendre son peuple on ne fait qu'augmenter le pouvoir des forces maléfiques ? Un des sergents du roi arriva :

-Seigneur, devons-nous placer les archers ?

Nyalazar ne répondit pas. Sa pensée préféra fuir, loin de son rôle. Loin des décisions qu'il devait prendre, longtemps redoutées. Loin de la situation qui se passait sous ses yeux. Loin de tout....... Cling ! Un bruit d'épée dans le camp adverse le sortit de sa lâche escapade intérieure.

-Seigneur...
-Hein ?... Oui, oui, préparez les archers.
-Bien, ce sera fait.

Nyazalar regarda une dernière fois l'ennemi et tourna le dos à sa tombe.

Thorrlim, général nain de son état, entra dans une grande tente, au centre du camp de l'alliance. Se trouvaient dedans le général humain, Guendre, son sergent, Jenel, et son magicien, Hadren. Se trouvaient aussi le sergent de Thorrlim, Fragrog, et son maître ingénieur, Graflson. Une carte du champ de bataille était posée sur une table au centre de la tente.

-Bien, tout le monde est là ! dit Guendre. Où en est chaque faction ?
-Les machines de guerres sont prêtes. Nous avons calculé leurs trajectoires selon les points faibles de la cité, répondit Graflson.
-Les hommes sont prêts à combattre. Les arbalétriers sont en position, continua Jenel.
-Il en est de même pour les nains. Nos arquebuses sont chargées ! grogna Fragrog.
-Les hommes de magies sont en position. J'ai même pu recruter des... maudisseurs, murmura Harden.
-Les fondateurs ne t'en voudront pas, Harden. Pour la gloire des dieux, il faut faire des sacrifices...

Après cette phrase aux consonances fanatiques, Guendre déclara :

-Nous sommes prêts à attaquer Elydalandor ! Leur dernière citadelle tombée, les elfes pourront être définitivement éradiqués, et cette race impure ne salira plus le monde.

Le silence retomba dans la tente.

-Pour les fondateurs !

Les deux autres humains répondirent de même, puis sortirent. Thorrlim resta seul. Il regarda pendant plusieurs minutes, sans grand intérêt, la toile de la tente.

-Entre, dit-il, soudain.

Un nain barde sortit de derrière un pan de la tente.

-Vous m'avez appelé, seigneur ?... Ou plutôt devrais-je dire votre divinité...
-Tais-toi ! pesta le général.
-Selon vos ordres, futur dieu. Mais vous devriez être plus reconnaissant. C'est moi qui ferai de vous un culte. Un guerrier terrible redouté de tous !
-Justement... Comment comptes- tu t'y prendre ? Créer une religion n'est pas simple...
-Voyons, mon bon Dieu, utilisez vous tellement le pouvoir des armes que vous ne connaissez pas celui des mots ? Les mots peuvent changer le monde, mon Dieu, les mots peuvent mettre à bas les plus grands et faire monter les plus faibles.
-Tu me traites de faible ?!
-Si vous étiez fort, mon bon dieu, vous ne m'utiliseriez point...
-Je devrais te tuer pour tes mots !
-Mais ce sont eux qui vous mèneront à la gloire !
-Grmbl... Mais tuer ces elfes sera rude ! Et si je comprend bien, il faudra que notre victoire soit rapide pour avoir un semblant de vérité...
-Vous apprenez vite ! Mais pourquoi ne pas utiliser des armes moins... honorifique, puisque plus tard nous n'en parlerons plus ?
-Quel genre d'armes ?
-Nous en parlerons plus tard, cher Dieu. Il vous faut maintenant gagner votre première vraie bataille pour que commence la gloire.

Sans attendre de réponse, le barde sorti de la tente. Sortit du camp, il sourit.

-Adamas, mon maître, vous serez content. Les nains sont trop faciles à corrompre, et Thorrlim est la honte de leur race.

Il disparut soudain dans un nuage de fumée.

-Tirez ! hurla le sergent elfique.

Des milliers de flèches vinrent s'écraser contre les troupes ennemies. Des jets de balistes transpercèrent l'armée de l'alliance. Mais c'était peu contre les hordes qui approchaient des murs.

Nyazalar regardait avec appréhension le champ de bataille. Il avait revêtu une magnifique cotte de mailles, Mais il savait bien qu'elle ne serait d'aucun recours, qu'il serait sans doute mort avant qu'elle ne lui serve.

Les tirs elfiques s'arrêtèrent pour laisser place à ceux de l'alliance. Des arquebuses et des flèches d'arbalète pilonnaient les oreilles pointues. Les catapultes lançaient des rochers enflammés dans la cité ou contre les murs, alors que les boulets de canons faisaient s'effondrer les murs elfiques.

Les magiciens lançaient leurs sorts, causant des dommages considérables dans les deux camps. Mais la magie de l'alliance prit rapidement le dessus grâce aux malédictions lancées par les maudisseurs.

C'est tard dans la nuit que les armées de l'alliance repartirent dans leur camp. La cité elfique avait été sérieusement endommagée, et les nombreux morts gisaient sur le sol. Par chance, l'alliance n'avait pas réussi à ouvrir une brèche assez grande pour pouvoir s'y engouffrer complètement, mais si la bataille continuait, nul doute que l'armée entière marcherait sur Elydalandor.

Nyazalar n'avait plus aucun espoir. La ville tomberait. Il s'approcha de son conseiller.

-Dis moi... qu'est-ce qu'un elfe aime le plus ? La vie ou la liberté ?

Le conseiller parut abasourdi.

-Et bien... euh... Nous aimons la liberté, mais je crois que plus que tout c'est la vie que nous chérissons !
-Bien. Ta réponse est pertinente....... Léonidas !

Le prince arriva.

-Oui, père ?
-Il va falloir que je te parle...

Le lendemain, un messager réveilla le général humain.

-Général ! Venez voir !

Guendre sortit de sa tente. Au loin, une forme encapuchonnée montée sur un destrier s'approchait du camp. Thorrlim arriva.

-Ils parlementent ?
-Il me semble...

De plus près, on voyait que c'était un elfe. Il arriva enfin à l'entrée du camp. De là, il descendit de son cheval.

-Qui es-tu et que veux tu ? cria Guendre.
-Je suis le parlementaire et si étrange soit-il je veux parlementer, répondit d'une voix las le messager.
-Eh bien, elfe, enlève ta capuche qu'on puisse voir qui nous envoie ta chère famille.

L'elfe enleva sa capuche. Thorrlim mit la main sur sa hache. Guendre, lui, ria

-Oh oh ! Messieurs ! Ecoutez ça ! Les elfes nous envoient leur roi !
-Tait-toi ! pesta Nyazalar. Je viens pour parlementer, et mon sang ne change rien.

Le général humain réfléchit.

-Bien, fouillez- le !

Des hommes vinrent et commencèrent à fouiller l'elfe, mais avec des mains tremblantes.

-Alors ?
-Rien.... Il n'a rien !
-Je vous avais dit que je venais parlementer, humain !
-Bon, venez dans la tente !

Ils entrèrent dans la grande tente. Les hommes et les nains s'assirent, mais l'elfe resta debout.

-Je viens pour sauver mon peuple...
-Sauver ton peuple ? Voilà un vaste programme. Que demandez- vous ? l'interrompît le sergent humain.
-Si j'avais envie qu'un sous-fifre me coupe la parole, je l'aurais demandé, humain, dit Nyazalar d'une voix glaçante.

Le sergent se tut.

-Donc, je viens sauver mon peuple. Nous les elfes préférons notre vie que notre liberté. Nous ne voulons pas continuer le combat. Nous rentrons sous vos ordres. Nous rendons les armes.
-Nous pouvons entrer dans la cité sans risque ?
-Oui. Elle est vôtre.

Guendre réfléchit encore une fois.

-Bien. Si la cité est nôtre, allons-y vite.
-Guendre, pourquoi ne pas raser la cité au feu ? demanda Thorrlim. Vite fait, bien fait, et une extermination complète !

Nyazalar regarda les généraux d'un air étonné.

-Quoi ?! Vous voulez exterminer mon peuple entier ?!
-Oui, voyez vous, même asservi votre peuple déplaira encore aux fondateurs. Même sous nos ordres vous saliriez notre Terre. Nous n'avons pas vu d'autre moyen que de tout simplement purger...

Nyazalar se jeta sur Guendre, tirant l'épée de ce dernier de son fourreau. Un coup rapide à la gorge fit gicler du sang contre la toile de la tente. Il sortit au dehors et prit un cor de sous sa cape. Il souffla de toutes ses forces dedans. Un son grave et puissant envahit le champ de bataille, atteignant les oreilles elfiques. Nyzalar n'avait presque plus de souffle lorsqu'une flèche se planta dans sa gorge.

Léonidas regardait le camp au loin. Le son du cor de son père lui avait fait comprendre que ce n'était pas pour le pouvoir que les hommes se battaient, mais pour le fanatisme religieux. Il écrasa une larme qui tentait vaillamment d'atteindre sa joue et se retourna vers ses soldats.

-Elfes ! Je suis votre nouveau roi ! Si nous restons, nous mourrons ! Fuyons en direction de Firel ! Là-bas trouverons-nous peut-être l'aide des sombres."

Je t'envoie ce recueil de textes, mon ami, écrits par mes soins et par ceux de Veanelas, un elfe elydalandorien. Garde-le précieusement, tu as sans doute la plus réelle version des faits de cette bataille. Certaines choses sont des suppositions et sans doute sont-ce des rêves éveillés. Mais on a une âme de barde ou on en n’a pas.

Selfir le soldat, je ne compte plus les jours ni les mois, mais il me semble que nous sommes en 10452.

Annonce

Pour toute question sur le jeu de role Contactez nous.
Découvrez le jeu de role en ligne par forum: