Contes et légendes d'Océania


Les pluies de sang

La pluie avait commencé de nuit, recouvrant d'une couche écarlate les fenêtres et les toits. Le sang qui tombait sans discontinuer du ciel faisait déborder les caniveaux et rendaient nos bêtes folles. Les chiens mordaient la main qui les nourrissaient, les moutons devenaient plus féroces que des loups et les rats se muaient, de charognards à prédateurs, tuant les enfants dans leur sommeil. En ce qui me concerne, je perdis bien vite le plaisir du repos, étreint chaque nuit d'une terreur sans nom...

Puis la nourriture se fit rare, les champs de blé et d'orge pourrissaient dans une boue abjecte tandis que les pommiers et autres pruniers donnaient des fruits inmangeables tant leur sève était gorgée de sang. Nos réserves diminuaient et le commerce avec les villes avoisinnantes disparut. On parlait du village comme d'un lieu maudit, ce qui,d'ailleurs, semble ètre la vérité. Mème les brigands qui venaient régulièrement nous piller préfèraient maintenant se tenir à distance de nous, tels des bourgeois face à une bande de lépreux...

Chaque jour, les loups et autres bêtes sauvages s'enhardissaient davantage, s'aventurant de plus en plus près du village, prêts à dévorer les habitants isolés. Le Feu qui, jusqu'ici, nous permettaient de les tenir à l'écart n'avait plus qu'une efficacité limitée. Et notre faim, sans cesse, s'attisait.

Ce vieux salaud de maire finit par mourir d'inanition. Ce n'est guère étonnant vu qu'il avait coutume de s'empiffrer nuit et jour de mets succulents, payés par nos impôts. Ce ne fut donc que justice qu'à notre tour, nous dévorâmmes son corps. Il permit à ma famille et aux voisins de manger pendant une semaine avant que sa viande ne fut trop infestée de vers. Dans un sens, il était redevenu ce qu'il avait toujours été: Une pourriture !

Je dus bientôt tuer les voisins, parmi lesquels mon meilleur ami. La famine les avait rendus déments et ils avaient tenté de tuer ma fille pour la manger. Je compris alors bien vite que le village s'était divisé en deux clans. Les Chasseurs d'un côté, et les Chassés de l'autre. J 'avais le malheur de faire partie du second groupe, ce qui me força à fuir. Mais la fôret ne l'entendait pas ainsi et mon fils et moi furent les seuls survivants, les fauves n'ayant eu aucune pitié. C'est alors que je remarquais au cou de mon fils un étrange médaillon à l'effigie de Baal. Il l'aurait trouvé peu avant que ne saignent les cieux, dans un temple en fôret.

C'était il y'a bien des années, et depuis, la pluie s'est arrétée. Mais le prix à payer était bien trop élevé. Marqué par le titan Baal, mon fils était à l'origine de la malédiction et seule sa mort pouvait me permettre de sauver le village. Naturellement, je m'y étais refusé mais la pluie s'était étendue aux villages voisins et nombre d'ogres, attirés par l'odeur du sang, rôdaient dans la région, détruisant les batisses comme des chateaux de cartes avant d'en avaler le contenu: Des fermiers sans histoires aux banquiers les moins honnètes, peu étaient épargnés. Je n'ai pu me résoudre à l'inéluctable que lorsque mon fils me supplia d'en finir. Je fis ce que j'avais à faire, et à jamais cette décision me hantera. Quand je regarde mes mains, je les vois souillées de sang. Une souillure que rien ne pourrait faire disparaître. Pas mème mon trépas...

Je ne souhaite à personne d'avoir à commettre acte si horrible. Sachez cependant aventuriers qu'il ne fait pas bon provoquer Baal: Ils vous ôtera ce que vous avez de plus cher...

INSCRIPTION SUR LA TOMBE DU GUERRIER INCONNU, CIMETIERE D'ARIDIA

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