Contes et légendes d'Océania


Le guerrier orque

A la fin d'une longue journée de route vers Nortskote, une caravane de familles s'arrête pour laisser les chevaux se reposer. Les roues des chariots se figent, et les hommes préparent un campement au milieu des femmes et des enfants se dégourdissant les jambes. La forêt environnant le sentier était si calme, si tranquille. A un tel point que les oiseaux eux même ne chantaient pas, seuls les cris des bambins cajolés par leur mère, et l'énergie qu'avaient les enfants à courir en tous sens perturbaient cette quiétude. Quand un des hommes se rendit compte de ce calme, et leva les yeux vers la lisière, il était trop tard. Les orcs avaient lancé leur assaut, et dévalaient la pente vers les voyageurs. De leur tristement célèbre hargne, les orcs s'attaquèrent au campement sans aucune pitié, ravageant les femmes et saignant les enfants. Les hommes se défendirent avec toute la rage du désespoir, et tout ce qui leur tombait sous la main. Si bien que le groupe de peaux verte, surpris par cette ferveur au combat venant de simples villageois, furent pratiquement décimés. Seul un orque survécu, le bras en sang, il acheva le dernier homme, le dernier père de famille, d'un vif coup de lame dans le buste.

Dans le silence de mort qui s'ensuivit, tandis que le soleil dérobait ses rayons face à ce massacre et que la nuit s'emparait des corps en déposant délicatement son voile noir sur le paysage, le survivant commença à fouiller les chariots. Il trouva une enfant, la seule encore en vie, au fond d'une carriole, sanglotant sans bruit, faute d'avoir eu don de la parole à la naissance. Elle devait avoir 7 ans environs, avait des cheveux noirs et de petits yeux ronds au moins aussi sombres. Au moment de l'envoyer rejoindre sa famille dans l'autre monde, les doigts du guerrier desserrèrent leur étreinte sur le sabre, et laissèrent tomber l'arme au sol. « A quoi bon ? » se dit-il. « Ce n'est pas elle qui me tuera aujourd'hui. » Il l'ignora, mangea et fit un feu où il laissa chauffer une barre métallique. Il s'en servit une fois rougeoyante pour faire cicatriser sa plaie sur le bras. Tendit que l'odeur de chair brûlée emplissait ses narines, et que l'orque serrait les dents pour ne pas céder à la douleur, celui-ci sentit une présence. Il virevolta prés à frapper et vit la petite fille, debout et immobile, lui tendant un bout de tissu. « Lâche ça gamine, et dégage. J'ai pas b'soin d'une môme sur les bras, et encore moins humaine. » Mais elle restait immobile, à le fixer, d'un regard vide d'expression. D'un geste de dépit, il lui arracha le bout de tissu des mains et le jeta au feu. Il se retourna et fixa les flammes un moment. Mais … la sentant toujours présente, il se tourna à nouveau et la vit avec un nouveau morceau de tissu. « Nom de … » Il lui prit le morceau des mains, et après quelques hésitations, le plaqua sur sa plaie. La fille ne bougea pas. « Qu'est ce que tu veux maintenant ? Laisse moi. » La fille restait figée. Le guerrier attrapa alors un bout de pain et lui jeta aux pieds, comme on donne de la nourriture à un vulgaire animal. Elle le ramassa, et vint s'asseoir près de l'orque pour le manger. L'orque, comprenant de moins en moins la réaction de cette enfant n'y prêta plus attention, et s'étendit sur le sol pour dormir. Mais un petit corps chaud, tout frêle, se blottit contre lui. Surpris, l'orque n'osa pas bouger, comme si un mouvement de sa part la briserait. Pourquoi ne la repoussait il pas ? Qu'est ce qui l'empêchait de lui trancher la gorge comme aux autres, il serait tranquille. Non, il ne le fit pas, il n'en avait pas l'envie, et peut être pas la force. Il s'endormit, elle aussi.

Au réveil, l'orque ne comprit pas ce qui lui arrivait, il se sentait comme habité d'un mal inexplicable, d'une douleur intérieur qu'il n'avait jamais ressentit auparavant. D'où lui venait ce malaise ? Puis il sentit le petit corps bouger contre lui, il comprit. Il devait s'en séparer au plus vite, un orque ne pouvait rester auprès d'un humain. Il décida de la ramener vers le village le plus proche. Entamant la marche, de petits doigts agrippèrent la grosse main du guerrier. Quelle étrange sensation que de sentir cette suprême douceur de la peau d'une enfant, sur un épiderme n'ayant pour habitude que l'agressivité des éléments et la fureur des combats. La main de la fillette entourait difficilement un seul doigt de l'orque, et ce dernier finit par la porter sur son dos pour progresser plus vite. Mais non loin de son but, il fut capturé par des villageois sans pouvoir réagir. Les événements s'enchaînèrent rapidement, on dressa sommairement un bûcher sur la place du village et il y fut ligoté. La petite fille était en pleur et se débattait dans les bras des villageois. Ils pensèrent tous qu'elle était encore paniquée par l'orque, et ne comprirent pas ses larmes quand ce dernier brûla silencieusement sur le bûcher. Pendant que les flammes dévoraient rageusement la peau du guerrier, et que les villageois lui jetaient des pierres en l'insultant, l'orque fixa la petite fille sans se soucier de sa propre mort. Une enfant pleurait l'assassin de sa famille, et un condamné prenait conscience qu'il ne regrettait pas sa fin.

Non loin de Nortskote, dans un petit village, se trouve une place où l'on retrouve chaque matin une rose. On raconte que c'est une fille qui l'apporte à la tombée de la nuit, en mémoire d'un proche sans doute…

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