Bateau unique d'Océania


Le Phoenix

Tous les marins le savent, le pire en mer pour un navire, c'est le manque de vent. Bien pire qu'une tempête, sans vent le navire ne bouge plus, il n'y a plus qu'à attendre, qu'à espérer le retour du souffle salvateur avant de mourir de faim.

Cela faisait 3 semaines que nous étions en mer, et deux semaines que nous ne bougions plus. Il n'y avait rien à faire, qu'attendre, qu'à espérer, et pour ceux qui y croyait, qu'à prier.
Certains avaient bien proposés de fabriquer des rames, pour tenter d'avancer, mais c'était irréalisable de déplacer une caravane, composée de 3 navires de commerce protégés de part et d'autre par deux navires de guerre, à la rame ! Ces allumés ont donc été remis à leur place, dans les cales.
Pour leur défense il faut dire que l'inactivité est dangereuse pour les hommes, elle déclenche des bagarres, des échauffements, et des délires.

Pour ma part je n'avais pas ce problème, j'étais comme à mon habitude en vigie sur le navire de tête, à scruter, non pas une terre (nous étions encore trop loin), mais une annonce du retour du vent par le biais de nuages, j'étais donc des plus concentré.

Mais rien, rien du tout, pas un nuage, je trouvais mes seuls moments de plaisir dans l'observation des seules choses cassant la monotonie de l'horizon: les levés et couchés de soleil.

Au bout de deux semaines d'immobilisation, un matin, je me délectais du disque solaire se formant au dessus des flots, y dispersant ses nuances de couleurs. Mais lorsque le disque se détacha de l'horizon, je vis enfin quelque chose, c'était extraordinaire, dans la lumière s'était caché un navire ! Il n'y avait rien quelques heures avant, comment avait-il pu arriver jusqu'ici sans aucun vent? Il était tout en or, doté d'une unique et immense voile dorée, ronde comme le soleil, et plus surprenant, la voile était gonflée par de la lumière! il semblait être propulsé par la lumière du soleil, tout comme un navire normal par le vent.

Je criais donc ce que je voyais, le capitaine de mon navire resta incrédule, il n'eut pas le temps, ni le pouvoir de faire quoi que se soit avant que le navire d'or se place au milieu de la flotte.

L'étrange navire avait donc une voile ronde réagissant à la lumière, je pu voir que sa coque était constituée de deux ailes immenses repliées. Elles étaient reliées à l'avant à la proue constituée d'un buste humain de plusieurs mètres ayant l'un des bras en l'air, doigt tendu vers l'horizon. C'est à l'aide de ma longue vue je compris ce que cela représentait : Les membres d'équipage étaient tous vêtus de toges argent, portant le symbole d'un homme ailé touchant du doigt le soleil. Ces hommes n'émettaient pas un son, ils communiquaient apparemment par gestes. Une fois leur navire au milieu des nôtres la voile se replia, et le navire s'arrêta. Alors que notre capitaine donnait enfin ses ordres de préparer les canons pour notre défense, je vis l'un des leurs, le seul habillé d'une toge dorée, faire un grand cercle dans l'air, les autres s'affairèrent alors.

Nous vîmes un spectacle encore plus inquiétant que ce que nous venions de voir: Les ailes d'or se déplièrent, les plumes de plusieurs mètres s'orientèrent indépendamment les unes des autres. C'est alors que j'aperçus qu'elles brillaient de plus en plus, elles reflétaient d'avantage de lumière à chaque seconde. Un rayon se forma à l'aile gauche du navire, balayant ce coté, frappant l'un des navires de guerre sensé nous protéger et les deux autres navires marchands, qui brûlèrent instantanément . L'aile orienté de notre coté forma à son tour un rayon de lumière pure, je n'attendis pas qu'elle nous frappe pour sauter de mon poste de vigie.Cela m'a sans doute sauvé, mais passant trop près du rayon mon visage et mes yeux furent brûlés, et je perdis la vue. Ce qui n'était rien à côté des cris de mes camarades mourant immolés sur leur bûcher flottant.

Alors que les bruits et les cris avaient cessés, je m'accrocha, à ce que j'espérai être une planche partiellement brûlée. Je perçus alors une voix parlant dans une langue qui m'était inconnue, non...pas parlant... psalmodiant plutôt. Je fis le mort sur ma planche, ce qui ne devait pas paraître étrange au vu de mes brûlures apparentes au visage, surtout autour des yeux. C'est à ce moment que j'entendis pleins d'objets tomber à l'eau, des dizaines et des dizaines de petits objets. Quand l'un vint me toucher, je fus paniqué, l'un des objets venait de tomber sur mon dos! Le plus étrange c'est qu'à peine l'objet (apparemment rond, de 4 centimètres de diamètre) me toucha, je compris la langue parlé par l'homme. Il parlait toujours sa propre langue mais je le comprenais...

C'était une prière, il disait: " ...Inti, dieu Soleil, accueille ces âmes perdues loin de ta lumières au fond des océans. Que leur péché, que leur tentative d'approcher de Coricancha, la cité d'or et de lumière de tes fils, leur soit pardonné. Par ces disques solaires qu'ils puissent accéder aux cieux, que cet or leur fasse pousser des ailes de lumière à leurs âmes.". Et non seulement ce "disque solaire" que j'ai en main, maintenant qu'il sont parti, m'a permis de comprendre ces fanatiques religieux, mais il me permet aussi de savoir beaucoup plus sur eux... Comme le nom de ce navire: Minka, "Le Phoenix", nom vraiment bien porté.

Me voila un jour plus tard, toujours vivant, vigie aveugle sans navire, perdu seul au milieu des flots, sans nourriture, triturant un disque d'or dans la main.
Cette catastrophe m'a fait comprendre beaucoup de choses, notamment qu'il y a pire que le manque de vent pour un marin, il y a aussi le feu, mais surtout le soleil, et ses fils, les fils d'Inti, venant de Coricancha sur leur navire ailé, Le Phoenix.

Comble de l'ironie, je sens maintenant le souffle du vent sur mon visage brûlé...

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